Communiqué
Alors que la guerre en Ukraine attire toute l’attention de la communauté internationale, dans un contexte géopolitique de montée de la tension entre la Russie et l’Occident, le président Téodoro Obiang a décidé de passer à la vitesse supérieure en avançant le simulacre d’élection qu’il organise depuis qu’il est au pouvoir de mars 2023 au 20 novembre 2022. Le dictateur le plus ancien du monde veut remporter ce simulacre d’élection rapidement afin de continuer pendant son sixième mandat à préparer la transmission de pouvoir à son fils, Teodorin. La décision unilatérale de fixer deux mois plus tard la date du scrutin prouve évidemment l’absence totale de démocratie du processus électoral. Très peu de dictatures en Afrique restent encore à un tel haut niveau d’emprise sur l’organisation des scrutins.
Face aux critiques de la population qu’il a soumis à son régime parmi les plus répressifs d’Afrique, il a de nouveau déclenché une vague de répression contre tous les dissidents en inventant des histoires d’attentats à la bombe planifiés par l’opposition interne radicale. Dans cette vague de répression, le jeune rappeur le plus critique du pays, Adjo Ening, est actuellement torturé dans la prison de Black Beach. Sa détention a eu lieu sans décision de justice, de manière clandestine. En cette période, des tortionnaires enregistrent en toute impunité des audios des tortures pour pouvoir les diffuser et terroriser la population.
Cette situation trouvera-t-elle un écho en occident ? Les pouvoirs politiques occidentaux peuvent-il faire pression sur Obiang ? Lorsque de tels actes sont passés sous silence, ou lorsque la pression exercée par les diplomates occidentaux sur le terrain ne vise qu’à calmer Obiang, mais légitime ensuite ses manœuvres pour rester au pouvoir, ils conduisent à la perte de crédibilité et au rejet de l’Occident par la jeunesse africaine.
Au nom du peuple de Guinée équatoriale qui souffre et de la lutte politique que j’ai menée contre la dictature, je demande :
– au gouvernement équato-guinéen, la libération immédiate de l’artiste Adjo Ening et de tous les prisonniers politiques qui sont détenus dans la vague de violence, comme toujours en période d’élection frauduleuse,
– à la communauté internationale, de faire pression sur Obiang et son régime pour la libération immédiate de tous les prisonniers et de ne pas valider les élections frauduleuses qu’il organise le 20 novembre 2022,
– à l’Union africaine et tous les chefs d’Etat africains de faire pression sur le régime d’Obiang et à ne pas accepter le résultat des élections sans aucune démocratie en préparation,
– à la presse internationale de se faire l’écho de la situation du peuple équato-guinéen brutalisé par une dictature familiale depuis son accession à l’indépendance en 1968 et qui profite actuellement de l’attention concentrée sur le conflit en Ukraine pour se maintenir au pouvoir dans une légitimité électorale totalement factice.
Raimundo Ela Nsang
Leader politique en exil